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Hélène

  • eviemercier
  • 16 juin
  • 2 min de lecture
Le carnet d'Hélène
Le carnet d'Hélène



Fille de ritals



Mon enfance aurait pu croiser celle de François Cavanna, célèbre écrivain des  Ritals , ou peut-être celle de Tonino Benacquista, auteur de Porca Miseria mais le premier est de dix ans mon aîné et le second a quatre ans de moins que mon fils Dominique.


Nous sommes cependant tous les trois des « macaronis », des fils et filles d'italiens. Nos parents ou grands-parents avaient tous quitté l'Italie, cherchant de nouveaux horizons loin de la pauvreté et des troubles politiques de leur pays. Leur patrie pourtant adorée était en proie à de grandes difficultés économiques, exacerbées par le régime fasciste de Mussolini et ses chemises noires.


Mes parents, Romano et Gilda sont arrivés en France en 1925 après leur mariage à Reschigliano, une petite commune près de Padoue. C'est attendant son premier enfant, mon frère Antoine, que ma mère a traversé toute la France en train, de Venise à Paris.


La cité Tillemont


Ils se sont installés dans la banlieue parisienne à Montreuil-sous-Bois. Ils étaient attendus par des cousins italiens qui tenaient un café-épicerie, rue Raymond Lefebvre, le quartier général des immigrés de la cité de Tillemont.


C'est dans cette cité que j'ai grandi. Mes parents vivaient dans un « une pièce cuisine » sans lieu d'aisance ni de salle de bain. Une seule pièce servant à la fois de salon, chambre et de cuisine, sans les commodités sanitaires que nous tenons pour acquises aujourd'hui. L'eau, je me souviens, était puisée à la force des bras de Papa dans le puits commun au milieu de la cour. Mes parents montaient les seaux d'eau, lourds et encombrants au troisième étage, sans ascenseur évidemment. J'ai appris très jeune à tout économiser et à ne rien gaspiller.


J'ai 90 ans aujourd'hui et je me rends compte de tous les progrès qui ont transformé notre quotidien et amélioré nos conditions de vie. C'est presque inimaginable.


Les toilettes, c'étaient dans le bar-café des cousins et j'ai vite connu la signification de l'expression «  avoir la courante ».


Ma petite enfance


Quelques jours après ma naissance, le 13 décembre 1933, mon frère Antoine a du ranger ses jouets éparpillés dans la cuisine pour me faire une place et installer mon berceau.


Nous n'avions aucun confort, aucun recoin intime mais j'ai la nostalgie d'une enfance heureuse. Dans ce petit coin de vie, où le parmesan et la sauce bolognaise embaumaient l'air, j'ai grandi entouré d'amour et de chansons.


Papa travaillait comme maçon et rentrait blanc de plâtre et de poussière de son labeur, mais toujours joyeux avec une joie de vivre inébranlable, sifflotant des airs italiens.

Maman, faisait des heures de ménage à gauche et à droite. Elle aussi, chantait tout le temps, elle remplissait la maison de l'harmonie de sa voix surtout lorsqu'elle préparait les spaghetti fins, étirant la pâte à travers la machine italienne pour la draper ensuite sur le lit, sur un drap blanc immaculé.


Mon terrain de jeu, c'était la cour de la cité où je retrouvais ma copine Lili, la fille de l'épicier italien.

 
 
 

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